Trace ma vie

Mon Pierre ce héros

 

Quand j'habitais dans mon quartier pourri à l'extrême sud de la ville même pas dans la ville en fait une merde qui s'appelait la grange aux bois, genre, y avait une grange y avait un bois ils ont tout rasé ils ont mis des noms de fleurs et de trucs inconnus comme noms de rue, du style soufflier, cuvion moi j'habitais rue de la fontenotte mais va chier c'est quoi une fontenotte bordel?? A part des hlm très moches et des parkings y avait rien dans cette rue franchement qui pouvait ressembler à fontenotte. En tout cas j'avais 13 ans et je m'étais sentie obligée de sortir avec Laurent Fuga pour faire partie d'une bande c'était la bande la vraie, celle qui fait 25 personnes et qui zone assise sur un banc en pierre toute la soirée et qui fait du scout avec le casque relevé sur la tête et qui rigole bien fort pour pas avoir froid et qui fume bédo sur bédo parce que dans ce quartier de misère y avait des sous pour construire une église mais pas un café ou foyer d'accueil et du coup tout le monde trainait là dehors, on était vraiment énormément de jeunes du même âge environ parce qu'on était nés en même temps que le quartier, les familles étaient venues s'installer là on leur avait dit vous verrez c'est mignon des pavillons et puis en fait y a surtout eu des immeubles et progressivement les gens se prenaient les toits qui s'effondraient sur la gueule et les murs se lézardaient et ils avaient encore 15 ans de crédit sur le dos et ça commençait à craindre pour l'ambiance à la maison moi je vivais dans un 2 pièces avec ma mère mais franchement y avait pas de débats on avait rien à s'envier les uns aux autres. Et du coup j'étais sortie avec Laurent Fuga là, le mec  le type devenu mon officiel les gens avaient comptés le nombre de secondes qu'on s'était embrassés et il y avait eu des commentaires du style EH LES MECS ELLE OUVRE LES YEUX ben oui tu crois quoi que j'étais en pleine extase??? Et merde je sortais avec ce type et là y avait un autre mec dans le quartier une espèce monstre appelé HAULLER on dirait une marque de camion ou de tracteur, et ce mec de 15 ans faisait bien ses 100 kilos et son mètre 80 il étaient toujours accompagné d'un truc à bouffer et de deux potes comme des couilles accrochées à lui et ce mec faisait vraiment peur tellement il était gros et il riait toujours comme un de ces stéréotypes de gros américain à la stephen king très fort et toujours au détriment de quelqu'un et ce mec voilà qu'il se dit que ce serait une excellente idée que de piquer sa meuf à laurent fuga, bref il vient me voir avec ses potes en option sur les bas côtés, il a pas choisi n'importe quel endroit pour me parler c'était une sorte de petit chemin de terre entre deux rues, genre l'endroit tu peux crier le temps qu'on se rende compte d'où ça vient t'as le temps de te faire violer 12 fois et il me dit EH TU VEUX SORTIR AVEC MOI car ce mec avait une grande imagination et là je dis bien gentiment que NON tu vois je sors avec laurent et là d'un coup je me disais wouw t'as de chance de sortir avec le petit laurent en fait au lieu de ce tas de graisse et le mec me dit BEN T'AS QU'A LE QUITTER PIS SORTIR AVEC MOI, et là je dis encore bien gentiment NON c'est pas possible il va pas être content laurent je peux pas……..et il insiste encore puis finalement il se barre avec ses couilles portatives et me dit de loin TU SORTIRAS AVEC MOI QUE TU LE VEUILLES OU NON .Ah ouais sympa sympa j'adorais ma vie. A partir de ce jour-là j'ai commencé à vivre ce que plein de gens filles et garçons ont vécu parfois même de longues années mais je remercie le ciel de ne m'avoir fait subir ça que pendant quelques mois, ce jour-là ont commencé les insultes de ce gros type dans le bus au retour du collège c'était des blagues super marrantes faisant état de mon absence mammaire (hé planche à pain!) et j'ai eu le droit à un rituel aimable de rires gras ponctués de bruits évocateurs ainsi que de mimes fort réussis et une cinquantaine de collégiens qui se fendent la gueule pendant que j'essaie de m'enfuir par la tête genre j'invente un tas d'histoire j'entends rien j'entends rien et ça devait pas mal marcher vu que je me rappelle pas du quart de ce qui se disait.
Quelques jours plus tard après le début des brimades laurent vient me voir et paf. Me quitte sans explications AU FAIT JE TE PLAQUE. Ah. Bon. Pourquoi? Pas de réponse. Et du coup je commençais à être bien seule les gens de la bande commençaient aussi à me faire me sentir bien seule, ils me regardaient de travers me parlaient presque plus et laurent s'est mis à participer aux blagues de l'autre gros et je pensais que si mes seins devaient rapetisser à chaque blague qu'on a faite dessus, j'aurais des cratères immenses au milieu de la poitrine. Après une après-midi entière passée à subir les attaques de laurent et du gros ainsi que l'indifférence totale du reste du groupe, je tente une défense bien pitoyable je me rappelle encore de la phrase exacte j'ai dit (laurent, si tu n'arretes pas tout de suite je t'en mets une). Il m'a répondu AH OUI JE VOUDRAIS BIEN VOIR CA. Alors j'ai fait un truc très courageux mais vraiment con, je lui ai mis une claque, pas forte hein, une petite claque pour dire, je fais toujours ce que j'ai dit………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

 

Ce que j'avais pas fait.

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Ses pieds se sont déchaînés sur moi et il m'a simplement allongée sur le sol et rouée de coups tandis que les autres continuaient leur chemin sans se retourner il m'a donné des DIZAINES de coups de pieds dans les côtes dans le ventre dans le dos et quand j'étais presque incapable de bouger tellement j'avais mal, j'étais sur le dos je le regardais dans les yeux mais pourquoi tu fais ça(????), il a levé son point bien haut et ressorti son majeur à mi-hauteur pour faire comme un point américain et il l'a rabaissé violemment sur mon visage me fracturant le nez et pourtant je n'ai pas saigné mais j'ai bien entendu le doux crac du cartilage à l'intérieur de ma tête………………………………………………………………

 

Il est parti soulagé vaquer à ses occupations et personne n'est venu me relever. Je me suis redressée toute seule et j'ai marché jusqu'à la fontaine pour me rincer le visage. Je suis rentrée chez moi et j'ai essayé de dormir mais c'était super dur. Ma mère est rentrée et moi j'étais carrément dans un état où je pouvais pas lui dire SALUT maman ça va? Alors j'ai dit que j'avais pris un ballon sur le visage au basket et que j'avais aussi une crise de foie et elle m'a laissée me reposer dans ma chambre c'était toujours ça de pris que de ne pas avoir à gérer la trouille de ma mère et sa révolte et sa fatigue et aussi qu'elle aurait voulu aller voir les flics et que moi j'aurais juste à m'enfuir dans un autre pays tellement on aller vouloir me tuer. Et j'étais dans mon lit quand l'ignoble sonnette de l'appartement a retenti une sorte de BIIIIIIIINNNNNNNNN qui foutait les boules même quand c'étaient des gens gentils qui venaient nous voir, alors là j'ai entendu le BIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNN j'ai eu super les jetons en me disant obligé déjà y a que les gens de cette bande pour venir sonner à cette heure-là puis ils appuyaient dix fois trop longtemps sur la sonnette vu qu'il savaient pas que ça faisait ce bruit de con, alors je me suis rabougrie dans mon lit genre merde, merde qui sait ma mère va savoir elle va flipper c'est pas possible………………………………………………………………………………………………et là ma mère ouvre la porte de ma chambre et me dit "ce sont tes amis ils demandent que tu descendent mais j'ai dit que tu étais malade" alors j'ai dit Merci Maman.

Le lendemain, la même chose BIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNNNNNNNN super longtemps un peu tard le soir, ma mère je crois qu'elle prenait des cachetons pour supporter notre vie moi je fumais plein de pétards et elle me dit C'est ENCORE tes amis qui veulent que tu descendent je veux que tu ailles les voir et que tu leur dises qu'ils ne viennent pas en semaine sonner si tard, alors j'enfile mon manteau la mort dans l'âme, les pieds dans le plomb je descends les 3 étages et je vois à travers la vitre des têtes familières dans mon entrée mais pas des têtes de con méchantes, non, des têtes sympas, des gars qui faisaient partie de cette bande mais qui n'étaient pas là le jour du nez cassé et ils m'ont souri et dit de venir ALLEZ OUVRE, c'était l'un deux je me rappelle son nom PIERRE SZOLARZSIK je sais même pas comment ça s'écrit et il disait à tout le monde depuis quelques jours qu'il voulait sortir avec moi et les filles me disaient vas-y sort avec lui il est moche mais il est cool, et moi merde ça commençait à bien faire, les cons les gros les moches foutez-moi la paix putain et là il était là avec 2 autres (encore!!) un type qui s'appelait mickael je crois un autre j'ai zappé jusqu'à sa face tellement je me rappelle plus de lui.

Et Pierre m'a dit JE T'AI VENGEE, j'ai appris ce qu'il s'était passé mon sang n'a fait qu'un tour et là les gars se mettent à me raconter ce qu'ils ont fait j'étais comme vachement détendue d'un coup je me suis assise par terre contre la paille du mur (putain d'hlm en paille!!) et on a fumé des clopes comme ça assis par terre dans mon entrée et c'est devenu un rituel par la suite mais que les week-ends parce que la semaine ma mère n'aimait pas.

L'histoire que je vais raconter m'a été relatée elle est donc par essence épique et tellement vraie:

 

 

 

 

 

 

ILS sont allés à la recherche de laurent fuga partout dans le quartier en roulant comme des fous avec leurs scoots et quand ils l'ont trouvé il était allongé dans l'herbe avec deux trois personnes il a vu arriver le SZOLARZSIK avec son scoot il a même pas pris la peine de se lever car il se méfiait de rien et

Là, Là, Là

 

 

 

 

 

 

 

PIERRE lui a roulé dessus EN LONG jusqu'au visage et arrivé à la gorge il a relevé son casque et il a dit comme un pur héros de bande-dessinée, LA PROCHAINE FOIS QUE TU LA TOUCHES, JE TE ROULE SUR LA GUEULE.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Epilogue:

Je ne suis jamais sortie avec Pierre qui le méritait pourtant. Il m'a couru après pendant quelques mois et puis il a fini par lâcher l'affaire. Je garde néanmoins un très bon souvenir de ses visites cavalières et j'aimais vraiment mes vendredis soirs, après ma semaine passée au collège à me faire emmerder par le gros et d'autres encore. Pierre n'était plus au collège il avait presque 18 ans et je crois qu'il étudiait l'électronique. J'espère que tu vas bien Pierre et que tu n'es pas mort à la rue ou en tôle.

 

Laurent Fuga a baissé la tête à chaque fois qu'il me croisait et ceci jusque bien des années plus tard, même à une époque où je faisais déjà des trucs qui n'avaient tellement plus rien à voir avec ce quartier. Il a fait par la suite  un séjour avec son frère Joel en prison. Ils ont tenté d'étouffer leur grand-mère avec un oreiller car elle ne voulait pas leur donner d'argent de poche. Laurent et Joel, j'espère que vous êtes plus heureux aujourd'hui et que votre haine s'est apaisée. Où étaient vos parents à cette époque? Je l'ignore.

 

 

Hauller dit le GROS est venu m'avouer l'année suivante en me priant de l'excuser et en me demandant de sortir avec lui à nouveau, qu'il avait été dire à laurent que j'étais sortie avec lui. Que je l'avais trompé avec lui, le gros hauller. Il m'a dit que j'étais une fille bien, qu'il se sentait un gros con, qu'il ne pensait pas un mot de ce qu'il avait dit l'année passée. J'ai refusé. Je l'ai recroisé des années plus tard, il était devenu videur de boîte de nuit. Evidemment.

Je ne sais pas ce que sont devenus les autres. Je m'en fiche.

Mon nez ne s'est jamais ressoudé mais c'est pas grave.



21/12/2011
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