Trace ma vie

J'étais au festival d'Aurillac le truc en fait on devait jouer mais finalement on a pas joué, les gens avec qui j'étais j'arrivais pas à les aimer bien qu'ils étaient déguisés en gens ouverts avec de la musique mais quand on est mal on est mal, alors on peut plus affronter l'amitié qui "pourrait" seulement celle qui "est déjà", c'est comme ça que j'ai allumé mon téléphone portable en pleurant oui parce que je venais de leur dire que j'en avais marre et que j'allais me casser voir des gens qui pourraient me dire que je suis quelqu'un de bien, mange-toi cette accusation dans les dents, vous, vous êtes pas capable de me dire que je suis quelqu'un de bien, que voulez-vous quand on est mal on délire complet on se retourne sur soi-même on fait de la réflection, non pas de la réflexion, pas mal ce jeu de mots hein, bon bref j'allume mon téléphone portable pour appeler Rafael. Rafael c'était mon meilleur ami, ça l'est toujours, c'est le seul qui me comprenne enfin je crois plus à vrai dire, non c'est n'importe quoi ce que je dis, donc à l'époque il était amoureux de moi, genre il m'a écrit des centaines de poèmes mais c'était en allemand alors comment voulez-vous que je vérifie, en tout cas il me l'a dit. Et là j'avais un message c'était devinez qui Rafael il voulait partir en vacances quelque part. je l'appelle je lui dis t'es où il me dit je suis à Sarrebrück, il me dit t'es où je dis à Aurillac, bref on dit qu'on se retrouve à Montpellier, le premier arrivé attend l'autre à n'importe quelle heure alors voilà je suis dans la gare à chanter avec un type soûl et Rafael arrive par le train i missed you me too, on va où en vacances? je sais pas, viens on va se soûler d'abord, alors on va au café on picole sévère et le café ferme à 2h du mat, mais on sait toujours pas où on va, nulle part où dormir, alors j'ai une idée, je lui dis on va faire du stop jusqu'à Gênes en Italie et puis quand on sera là-bas on prendre n'importe quel Ferry pour n'importe où ok? Ok alors on pionce dans plusieurs voitures sauf quand on discute avec les conducteurs car on est tellement ivres on dit de la merde beaucoup beaucoup, puis on arrive avec la gueule de bois au soleil, on est à Gênes, on va aux guichets, prochain départ la Sardaigne, c'est quoi ce truc, ah oui y a un île sous la Corse, la vache je l'avais jamais vue, c'est genre 2 fois plus grand en plus, allez on prend les billets on y va. On fait de la danse moderne dans le bateau parce que moi j'ai appris des trucs bizarres de danse moderne pendant l'été, on saute allongé sur le corps entier puis on se retourne comme une crêpe aussi on se lève sur les genoux et puis Rafael prend des cours de ballet alors on se marre puis on va picoler au resto du bateau et puis on arrive comme des paquets dans le port alors on fait du stop et c'est un type qui nous prend, un Sénégalais qui vend sur les marchés des bijoux en perles c'est joli, il nous emmène dans le camping où il va mais nous on entre par derrière parce qu'on a explosé la  moitié de notre budget en bateau, on se planque au fond du camping et on va nager c'est beau la mer est bleue et chaude les montagnes vertes...................................................................................................................................................................................................................

Le soir on va dans la ville, c'est la fête 3 jours un truc on mange on boit gratuitement on danse la valse avec des vieux y a le sénégalais qui est là pour vendre ses bijoux il m'offre un collier en perles noires et blanches magnifique, je l'ai toujours, je l'ai mis la dernière fois pour faire le rôle d'un gourou pour mon cours de théâtre il a vraiment l'air d'un truc Incas, je l'ai mis souvent pendant ces vacances, j'étais jolie bronzée avec mes cheveux très long et mon collier Incas, je me sentais comme une princesse. On a été dans un bar encore après et on a bu des litres et des litres de bière et puis on est rentré soûls comme des cochons au camping et là la grosse merde, on a couché ensemble c'était tellement nul mais est-ce besoin de le préciser, mais surtout ce qui était si nul, c'était que ni pour l'un ni pour l'autre ce n'était ce qu'on aurait du faire, ça faisait 4 ans qu'on était amis sans qu'il ne se soit jamais rien passé, 4 ans qu'il était amoureux de moi et qu'il devait rêver d'une première fois plus belle et puis moi je dis pas si j'avais plus grandi à ses côtés peut-être qu'on se serait mariés, mais là le matin on s'est réveillés on se regardait de travers.

On est parti au milieu de l'Ile pour voir un lac, soit disant un lac, mais la Sardaigne mon vieux! En été! C'est sec! Alors le lac, ben c'était un cratère lunaire, un trou géant dans la montagne, avec une flaque de boue au fond. On avait prévu de se laver dedans, de boire de l'eau de ce lac en la purifiant avec une pastille mais là pas d'eau. Alors on a bouffé notre fromage et on a bu 3 litres de vin, la nuit y avait des animaux sauvages qui faisaient du bruit, je pense des sangliers, je pouvais pas aller pisser toute seule, rafael a du venir avec moi et me tenir la main pendant que je pissais....le matin y avait un vent comme dans le désert, un truc, j'avais mon oeil comme une pastèque. On avait soif comme c'est pas permis et moi j'avais pas d'eau pour prendre mes anti-dépresseurs alors j'ai fait une crise j'ai hurlé que je détestais tout et tout le monde et que la Sardaigne c'était un putain de pays de merde.

On a fait du stop et un vieux type nous a pris il était Pharmacien dans la montagne et il allait dans sa garçonnière, un truc encore plus haut dans la montagne, il nous a invité à manger à dormir, il a soigné mon oeil parce que j'avais une conjonctivite et puis il nous a fait un repas magnifique avec de la viande au barbecue et des endives braisées, y avait des photos de femmes nues au mur, il nous servait du rouge, du blanc, il me demande si je veux autre chose, je dis du rosé, alors il verse le rouge et le blanc dans le même verre et me dit "voilà du rosé!" je parlais italien depuis deux jours je pense car on parlait italien à table et puis on a fait un peu de jardinage et la sieste aussi. Rafael et moi dans le même lit. A se tourner le dos. Nul.

Ensuite on est reparti vers un camping en bord de mer, on a grugé encore et qui c'est qui était là, le sénégalais, on a flippé, mais il nous suit ou quoi? Surtout qu'il disait qu'il savait qu'on avait été dans la montagne, mon vieux, ce type nous suivait. On a été nager puis on a mangé des pâtes italiennes et on a bu du vin et puis Rafael a été se soûler tout seul le soir dans le bar du camping avec un Américain, moi je voulais dormir, et là il est rentré le matin vers 6h complètement soûl, je me suis levée, il buvait encore assis sur une pierre et je lui dis merde Rafael tu es alcoolique mais je pouvais causer car depuis quelque années j'enquillais bien aussi. Alors il se met à m'insulter, donc je lui dis, moi je vais aller me doucher, je me met à quatre pattes le cul qui sort de la tente pour chercher mes affaires, rafael me dit "when you're like this, i want to fuck you" donc je me suis dit que j'allais faire mes bagages et partir, j'ai pris mon sac et je me suis mise à faire du stop toute seule, Rafael m'a suivie en courant et on est rentrés tous les deux. Dans le bateau j'étais malade, genre une bronchite alors il m'a serrée dans ses bras on dormait dehors par terre, puis on a été au resto du bateau et on s'est soûlés et là on a été faire l'amour dans les toilettes du bateau, après ça on se faisait vraiment la gueule.

A l'arrivée il me dit qu'il va prendre le train, moi j'ai plus d'argent alors je vais faire du stop, de toutes façons je dois aller chercher plein d'affaires dans un bled paumé dans l'Hérault une secte où javais passé trop de temps, alors Rafael vient avec moi, je récupère mes affaires sans faire trop de bruit pour pas tomber sur la gourou une tarée, on fait du stop on tombe sur un gars, il est cool il nous dit que c'est la pénurie d'essence, c''était en l'an 2000, y avait plus d'essence, donc le gars nous dit qu'il va en Italie chercher de l'essence des bidons et tout et qu'il revient nous prendre et nous ramène chez nous car il va en Allemagne et ça tombe bien chez Rafael c'est l'Allemagne chez moi c'est presque l'Allemagne, on avait trois tonnes de sacs, les miens de la secte, nos sacs de vacances, une tente et pis tout ça, le gars nous dit laissez tout dans ma voiture, alors là on lui dit mais non ça va pas, après tu vas te tirer avec nos affaires, alors le gars dit mais non je vous donne tenez ma montre et mon appareil photo en gage, c'est juste pour pas que vous trimballiez avec vos sacs c'est tout! Donc il nous dit, attendez-moi là je reviens dans 5h, ça le faisait grave car jusqu'en Allemagne on en avait bien pour 15h de galère, alors vallait mieux l'attendre, on a posé juste un petit sac à dos sous nos têtes et on s'est allongés là au milieu de la guarrigue, y avait un cagnard de ouf, de la poussière du sol qui volait, le soleil tapait comme si c'était midi tout le temps, on avait une petite bouteille d'eau, puis on a plus eu d'eau, puis les 5h ont passé et même plus, au bout de 6h, on s'est dit putain on va passer la nuit là merde qu'est-ce qu'on fait, on attend encore une heure, puis on pense que le gars reviendra jamais, on a un appareil photo pourri et une montre en plastique et lui il a toutes nos affaires, on refait du stop, un type nous emmène jusqu'à Valence, ou peut-être deux, enfin on arrive à Valence, Rafael voulait prendre le train pas moi, il prend le train pas moi. Y avait plus d'essence alors plus personne sur les routes, c'était bientôt la nuit mais un routier m'a pris, il était gentil mais il allait à Lille et moi j'avais rien à faire à Lille, mais il m'a dit écoute c'est le seul moyen pour que tu puisse avancer un peu, y a pas grand monde à part moi, les routiers pouvaient prendre de l'essence, c'étaient les seuls, et puis je pourrais passer une nuit au chaud, vu que dans son camion y avait un lit, j'ai fait le tour de la France, on a mis des heures, des heures on est arrivé à Lille le lendemain à midi, puis il m'a laissé, là haut les gens avaient pris de l'essence en Belgique, et puis des vieux m'ont pris en stop et la conversation était bizarre:

vous faisiez quoi à Lille, ben en fait j'étais en vacances en Sardaigne...