Trace ma vie

C'est quoi la conscience de la mort?

Comment je peux raconter ça, je veux dire, comment peut-on raconter à quelqu'un d'autre les trucs qu'on a vécu sans avoir peur que l'autre pense qu'on est juste parti avec les mauvais bagages, comme quand t'arrive chez quelqu'un, il te manque tout ta brosse à dents ta serviette ton pyjama l'autre pense qu'il va devoir tout te prêter alors il va manquer lui-même de certaines choses alors voilà c'est ça comment faire pour raconter à l'autre tout ce qu'il nous manque sans lui laisser penser qu'on va le voler, lui ses machins ses trucs, ses……………………petite affaires les trucs qu'on possède pas en fait à vrai dire je ne sais pas j'ai l'impression que c'est le cas, on ne possède pas grand-chose après on meure et tout, haha, tu te rappelles de ça bien-sûr on meure c'est pas le truc la mort tu t'en rends compte quand tu vois ta grand-mère allongée sur un putain de lit naze et elle elle flotte encore autour du lit en criant mais personne ne l'entend AH c'est maintenant que vous venez me voir tous bande d'ingrats moi j'ai fait des patates farcies à tout le monde, je vous ai mis des suppositoires quand vous étiez constipé et tout. Bref nan la mort c'est pas ça, enfin si bien-sûr c'est aussi ça, mais la conscience de la mort c'est quand on fait des choses qui hurlent dans le vide quand c'est super vertigineux et qu'on sent que tout nous échappe, comme taper un vieux blanc quand on a trop fumé on veut que tout le monde vienne à ton secours tu penses à ta mère qui doit venir t'aider alors que c'est la dernière personne à laquelle tu songes quand tu le roules ton bédo, mais là t'as peur tu sens ta dernière heure et tu pries pour que les bourdonnements s'arrêtent et que la lumière jaune redevienne normale et là tu tentes désespérément de cacher ton état à la grand-mère de ta pote chez qui t'es venue fumer ton joint parce qu'elle savait trop pas que tu venais fumer chez elle, elle elle pensait qu'on venait fumer des clopes ou des trucs d'ados mais pas dangereux, on se mettait dans la cuisine et là d'un coup trop de spliff d'un coup et tu te cognes aux angles des murs et tu te passes de l'eau froide sur la gueule mais autant de passer de l'huile tiède tu sens rien, et ta pote dit MAMIE on va aller se balader et elle chuchote à ton oreille (connasse t'as intérêt à ce que ma grand-mère capte pas que t'es dans cet état sinon elle va juste appeler mes darons) on avait 14 ans, bref, et là on sort de chez MAMIE et on descends les escaliers, moi sur les fesses la pote normalement, et elle dit OUAH t'as vu MAMIE comme sophie elle est conne, elle est toujours entrain de faire l'andouille pour m'amuser et paf moi je descends une marche après l'autre sur les fesses et en sortant à l'air frais, ça fait un peu du bien mais quand même c'est pas terrible et là nanananananan tu le crois pas y a l'autre salope de caisse à outils  qui arrive…………………naaaan……..l'angoisse totale, la meuf on l'appelait la caisse à outils mais en vrai elle s'appelait caroline on l'appelait comme ça parce qu'elle avait déjà ouvert la nuque de son copain avec de grands ciseaux et donné un coup de marteau dans le genoux d'une meuf la tarée totale et moi je lui avais piquée sa meilleure amie et son mec celui de la nuque était avec moi en cours et m'écrivait des petites déclarations de désir sexuel en portugais sur mon cahier de texte alors vlà comme caroline avait envie pire que tout de me donner un coup de clé anglaise quelque part en tout cas moi à chaque fois. A chaque fois. Que je la voyais arriver genre dans la rue genre dans le centre commercial genre n'importe où j'essayais de disparaître intensément comme des petits animaux qui se figent quand ils pensent qu'on ne les voit pas, j'essayais de me déguiser en trottoir ou en vitrine mais ça marchait jamais, et elle arrivait me disait tu veux une claque dégage et moi je savais les outils les outils putain l'espèce de psychopathe nazie, c'était la meuf qui me foutait les boules presque autant que le gang des exciseuses des meufs qui ont trainé dans le coin une fois mais qui se sont faites pécho rapidement heureusement elle emmenaient des filles dans des caves pour leur faire l'opération bref tu vois. Et là paf j'étais assise sur les genres de trucs qui servent à barrer l'accès à une place de parking un machin très moche en tubes de fer je m'imagine toujours qui a pu construire ça et qui a pu le concevoir mais à chaque fois je suis happée par une frayeur bizarre des gens qui ont une vie vraiment triste mais après tout peut-être que chez eux ils baisent on sait pas!!! Bref. Caroline. La caisse outils arrive et me voit genre comme le chasseur de papillon voit le papillon quand il l'a cherché longtemps ou le cueilleur de champignon qui voit le cèpe parce que ses yeux sont mis en mode focale cèpe et voilà moi j'étais posée sur mon machin en fer sur le parking comme un cèpe et elle est arrivée en gueulant ELLE EST DEFONCEE et moi j'en revenais pas, MAIS COMMENT c'est possible d'avoir une chance comme ça, une chance de dingue merde putain je suis malade à crever j'ai peur de mourir d'arrêt cardiaque ou de cervicalgite ou un coma intense et tout et la pire fille la pire de toute arrive sur moi et se met à me pousser du machin en fer, je tombe au sol elle rit, ma pote la calme et l'envoie chier elle reste son ancienne meilleure amie MAIS NAN pourquoi j'étais amie avec une meuf dont l'ancienne amie était cette NAZIE  mais on tombe toujours sur les gens sur qui on doit tomber, ah oui là moi aussi j'étais tombée….. sur le bitume comme une pauvre loque et j'ai cru que la mort allait venir plusieurs fois, mais après ça s'est calmé c'est ouf quand même, la conscience de la mort face au danger.



21/12/2011
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